Une collaboration qui s'achève
"en chien de faience"
"en chien de faience"
Le projet proposé à Fred le Berre (FLB) s'était initialement résolu, d'un commun accord, par l’adaptation
d’un scénario original défini et arrêté dans sa composition générale et ses
intentions. Il était entendu qu'à la signature du contrat, une fois le
projet accepté, FLB avait toute liberté pour choisir les modalités scéniques et le rythme propre à son
découpage sur les intrigues de mon récit, à la condition qu’il respecte
l’intégrité spirituelle des protagonistes représentant l’hindouisme (Gîtâ,
Bennett etc.) et celle de Hajjî, le Commandant de l’armée de résistance afghane (authentiquement musulman) contre la déviation terroriste des talibans.
Les données de ce « cahier des charges », comprenant également l’exclusion
de toute scène susceptible de comporter des plans équivoques ou pornographiques,
n’étaient pas négociable.
Sur le premier tome, à l’exception d’une
séquence qui me paraissait improbable (remplacée par celle avec les deux
clochards du Pont-Neuf) et la réécriture de quelques répliques, peu de chose ont été modifiée sur le découpage effectué à partir du synopsis original.
Il est important, malgré tout, de préciser que pour bien
faire, il eut été préférable de travailler ensemble le découpage, ce qui
aurait favorisé une plus grande implication de la part de
mon collaborateur et la résolution de tout désaccord sur les détails de l’histoire.
Malheureusement, la rétribution allouée en « avance sur droit » par
l’éditeur ne permettait pas cette étape qui aurait nécessité
évidemment, de la part de Le Berre, beaucoup plus de travail et de disponibilité.
A la sortie du tome 1, La Danse de Kali, mon adaptateur n’a émis
aucune remarque particulière sur le résultat de notre collaboration.
Il faut mentionner, qu’après ce premier album, suite à ses mauvaises ventes*, l’éditeur prit la décision de
réduire à deux tomes ce qui avait été élaboré pour trois. Fred Le Berre dut refondre
la structure du récit, couper et/ ou réduire de nombreuses séquences.
Sur le deuxième (et dernier volet augmenté
de 16 pages), quelques interventions ont été nécessaires sur les
dialogues. Il m’a fallu également modifier des séquences, soit pour en éliminer certaines lourdeurs, soit pour les recentrer sur l’idée générale de mon récit ; rectifier notamment tout ce qui pouvait trahir l’esprit traditionnel des
sociétés orientales – du moins ce qu’il en reste aujourd'hui –.
Cependant, une quinzaine de pages avant la
fin, Le Berre voulant privilégier l'importance de son intrigue sur la conclusion de
l’histoire (avec laquelle devait s'articuler la « cause finale » du
récit), me livra son découpage « au compte goutte ». Ce procédé ne variait pas à mesure que l’on se rapprochait de la fin ; qu'il aurait voulu me subtiliser la vue d’ensemble, il ne s'y serait pas pris autrement. Voyant venir
l’irréparable, je lui demandais (conjointement avec le Directeur éditorial) la totalité du scénario, ce que je finis par
obtenir sur les sept dernières pages – moins les deux dernières –. Un fois
terminée la longue séquence du combat dans l’hélicoptère russe, il ne restait plus, hélas, l’espace nécessaire pour la conclusion du récit ni pour le raccord avec la scène finale qui
devait comporter initialement au moins quatre planches.
Dans l’urgence, je dus réduire le
dénouement du récit à deux images seulement, contraint d’enchainer directement sur la
scène de clôture où l’on voit Richard Bennett saluer ses compagnons et se
diriger vers "le Seuil de l’Agarttha", ce qui permettait au lecteur, remercié dans un dernier plan significatif, d'intégrer l"évocation de l’illustration
de la couverture**.
Michel Rouge
* Ce qu'on appelle maintenant un bonne vente, n'excède guère le seuil des 8000 exemplaires, ce qui est une situation complètement invraisenblable dans laquelle seuls les éditeurs peuvent s'y retrouver. D'où la remarque de certains auteurs ironisant sur les éditeurs qui ne sont plus maintenant que des "banques" devenues irresponsables ( l'un d'entre eux est d'ailleurs un ancien banquier).
** A ce sujet, il m'a paru aller de soi de ne pas évoquer des éléments de la Science sacrée qu'il est innoportun de publier dans le cadre de l'expression en bandes dessinées. Ceux que le sujet interresse peuvent toujours avoir recours aux ouvrages publiès par les auteurs faisant autorité ; notamment, Le Roi du Monde de René Guénon aux Editions Gallimard, et, pour la compréhension profonde de notre "situation géopolitique" actuelle, du même auteur : Le Règne de la quantité et les Signes des Temps (Gallimard). Pour l'aspect fictionnel, je dois la première idée de ce scénario au troisième volume (Les Visages immobiles) de la trilogie "romanesque" de Raymond Abellio (également chez Gallimard).